La colère des agriculteurs s'étend à l'Europe

En France la colère a gagné la quasi totalité des départements, routes bloqués et manifestations. Pour résumer en bref, les revendications portent sur le prix du diesel agricole, le "Green deal" de l'UE (importation d'Amérique du sud), les normes environnementales, et autres lourdeurs administratives.
Le contexte de la guerre en Ukraine n'y est peut être pas étranger non plus. (spirale de hausses des coûts de production agricole)

Ces actions d'agriculteurs se déroulent aussi en Allemagne et en hollande. Depuis peu s'étendent en Pologne, Roumanie, Slovaquie, Hongrie, Bulgarie.
L'Espagne et l'Italie menace de rejoindre le mouvement.

Je crois que l'on peut considérer l'échec de la politique européenne en matière d'agriculture.
Le mouvement contestataire est porté par des gens très déterminés.
Etes-vous pessimiste ou optimiste pour la suite ?

Je ne sais pas, mais je dirais, en étant optimiste, qu’on ne peut que être optimiste, mais que ce sera difficile. Optimiste, parce que la pression alimentaire est forte, c’est une pression encore plus vitale que le logement et l’habillement … à moins que les politiques ne se risquent à indirectement miser sur l’importation, et là, on se retrouverait dans une situation de dépendance faisant penser à celle des pays du « tiers-monde », qui le paient cher, humainement, éthiquement et politiquement.

Un autre motif des manifestations, est l’abandon de certains produits phytosanitaires. Le bio est une bonne chose, mais il faut aussi que l’agriculture puisse nourrir tout le monde, avec deux moyens : ceux des agriculteurs, ce qui inclut la surface cultivable disponibles, et celles des gens, ce qui inclus leurs finances. Le problème est d’interdire certains produits, sans proposer d’alternative, ce qui est à la limite de l’irresponsabilité, dont une illustration est justement la dépendance à l’importation, sur laquelle le marché se rabat, sous la pression des consommateurs, et ces importations sont en provenances de pays qui n’interdisent pas ces produits. Ça fait un parallèle avec la question du CO2 (quoiqu’on pense de son importance réelle dans la changement climatique qui, lui, est avéré), avec des pays qui se vantent de rejeter peu de CO2, mais importent largement de pays qui en rejettent beaucoup, la Chine en premier (l’Inde aussi, mais on importe moins de cette partie du monde).

Sur la question de l’administration, une anecdote paru dans un journal : pour les haies, il existe 15 textes réglementaires, toujours longs à digérer, et apparemment en partie contradictoires. La conséquence est que beaucoup d’agriculteurs ont simplement renoncé à installer ou entretenir des haies, alors que ces textes voulaient qu’il y en ait plus. Les réglementations ont aboutit à un mouvement inverse de celui souhaité, sans compter le dépit qu’elles ont put laisser chez des agriculteurs bien motivés.

La situation est critique aussi pour la raison que beaucoup d’agriculteurs vont partir à la retraites dans la décennies à venir ; de mémoire, 133 000 sur 600 000 actuellement. Si la profession devient tellement difficile que plus personne ne peut l’ignorer, comme en témoignent ces manifestations, ça ne va pas favoriser les vocations.

Bref, l’avenir dira …

J'ai l'impression aussi à travers les directives et réglementations européennes qu'il y a une volonté de modifier les choses au bénéfice des grand groupes alimentaires. Faire disparaître l'agriculture d'Europe, importer les produits de base au plus faible prix tout ceci pour distribuer une bouffe industrielle transformée avec la marge maximum. Une alimentation comparable aux US. Je pense que s'ils voudraient arriver a cela, ils ne s'y prendraient pas autrement.

Nous sommes loin des raisons de la création du "marché commun" en 1957 qui avait pour but d'organiser les flux de l'agriculture entre les différents pays signataires et non de les détruire.

L’UE a toujours été critiquée, à raison, pour la manque de coordination et de coopération entre ses pays membres. On a même pas de gouvernement commun, alors que par exemple, la Belgique et la Suisse en ont un.

Pour l’orientation, l’UE est aussi à la merci des lobbies, et pas que capitalistes de Droite, aussi d’importants lobby de Gauche. Pour preuve de l’importance des lobbies de Gauche, les OGM sont interdits en Europe, sans base scientifique valable. L’UE est d’ailleurs la seule région du monde à interdire les OGM, alors s’ils étaient dangereux pour la santé humaine, ça ne manquerait pas de se voir partout ailleurs dans le monde et ce n’est justement pas le cas. La raison, c’est un matraquage idéologique tel que plus personne ne cherche à savoir, et même plus encore, plus personne n’ose vouloir savoir. J’imagine assez bien que la même chose s’est produite avec les orientations de l’agriculture : vouloir du bio, mais sans en avoir les inconvénients, c’est à dire des prix plus élevés et une plus grande surface agricole, comme le rendement à la surface est moindre en bio. Les partisans du bio en temps que lobby, ont d’ailleurs la mauvaise idée de vouloir réduire les surfaces totales cultivées, ce qui est une preuve de contradiction pratique de leurs objectifs. Ces remarques sont d’après des choses que j’ai lu au fil des dernières années.

Aussi, avant de critiquer les agriculteurs, il ne faut pas oublier que les marchés et les techniques de production, s’orientent sous la pression des consommateurs. Si on est passé à l’agriculture intensive, c’est certes initialement poussé à le faire par les États‑Unis après la deuxième guerre mondiale, mais si cette production s’est maintenue, c’était aussi parce que les prix étaient plus attractifs. Pour preuve, l’importation depuis des pays producteurs non-bio, qui se fait sous cette pression. Je met cette remarque en arrière plan, comme elle a déjà été faite.

C’est un équilibre compliqué entre les moyens réels des consommateurs qui n’ont même pas tous les mêmes moyens et la pression qu’ils exercent pas toujours avec des raisons valables, pour avoir des prix plus bas. Ceci dit, en temps que consommateur, ont est presque toujours dans l’ignorance des différences qualitatives entre les produits, la seule chose se voyant sur une étale, étant l’emballage ou l’aspect du produit et le prix, ce qui est faible, pour faire un choix éclairé.

Je viens de lire un article sur la sortie de crise, on avance tant mieux.
Nous allons bien voir ce que donne la suite …

De mon côté, j’ai vu un slogan : il n’y a pas de pays sans paysans

Et puis paysans, ça rime aussi avec paysages …