Programme de Bayrou : question sur sa vision du CDI comme norme

Je ne pose pas la question pour casser Bayrou, pour lequel je n’ai pas d’antipathie, mais vraiment parce que je m’interroge sur la cohérence du propos.

Dans un discours qu’il a tenu aujourd’hui, en présentant son volet « Contrat Social », il a abordé la question de la précarité du travail et du chômage. Il parle de sanctionner les patrons qui licencient (ou alors j’ai mal entendu ou je me souviens mal ?) et de revenir au CDI à temps plein, en temps que norme pour les contrats de travail.

Sur le CDI à temps plein comme norme du contrat de travail

Il ne précise pas pour quelle durée de travail, lui qui est d’ailleurs opposé aux 35h. Soit, posons qu’il parle de 40h/semaine. Comment peut‑il garantir que le travail pourra revenir à tout le monde à hauteur de 40h/semaine ? Il compte sur la chance ? Sur la magie ?

À mon avis, pour être crédible et cohérent, une telle affirmation devrait être accompagnée d’un chiffrage de la durée de travail hebdomadaire. S’il ne souhaite pas le faire, car il se dit contre la réduction du temps de travail, alors il devrait au moins dire selon quelle répartition.

À votre avis : il n’a pas tout dit parce qu’il n’en a pas eu le temps pendant son discours ? Parce qu’il ne sait pas lui‑même ?

Sur les sanctions aux employeurs qui licencient

Autant il est prévisible que avec un nombre de consommateur très largement supérieur au nombre d’auteurs, on trouvera une majorité de gens pour plébisciter le téléchargement gratuit de film et de musique quoiqu’en pensent les auteurs, autant il est tout aussi prévisible que avec un nombre d’employés très largement supérieur au nombre d’employeurs, on trouvera une majorité pour être favorable aux sanctions à l’encontre des employeurs qui licencient.

Mais ça n’implique pas que la chose est cohérente. En effet, la cohérence d’une affirmation telle que « je télécharge gratuitement les artistes, ça les aide », n’a jamais été démontré et ne le sera jamais (sauf le jours où on paiera le pain à la boulangerie en nombre de fois où on a été téléchargé gratuitement), autant cette croyance que l’on peut simplement sanctionner les employeurs qui licencient pour résoudre le chômage, me parait être une croyance nombriliste, une croyance des gens qui ne voient que eux‑même et ne pensent pas globale, manière polie de dire une croyance populiste.

Je ne défend pas particulièrement les employeurs, que je trouvent plutôt ripoux dans l’ensemble, je m’interroge juste sur un point de vue nombriliste de gens qui ignorent les réalités autres que les leurs propres.

Il y a peut‑être un moyen de faire comprendre ce que je veux dire. Imaginons que l’on ait deux opérateurs de téléphonie, A et B. Un nombre important de gens résilient de A pour aller chez B ou même simplement pour ne plus avoir d’opérateur du tout, et lâcher leurs mobiles. Ces gens là, qui trouvent normale de sanctionner les employeurs qui licencient, trouveraient‑ils normal d’être sanctionner pour avoir quitté l’opérateur A ?

Imposer sa propre réalité à des gens, tout en ignorant leurs propres réalités, ça ne peut pas aller loin à mon avis.

Ces gens qui sont pour cette idée, accepteraient‑ils eux/même‑mêmes d’être l’employeur qui serait sanctionné ?

Une solution plus cohérente me semblerait être de mettre employeurs et employés à égalité, en en‑finissant avec cette hiérarchisation qui n’aboutit qu’à deux réalités qui ne se comprennent pas l’une‑l’autre. Y mettre un terme en ayant à la place une relation de client/fournisseur au lieu de employeurs/employés. Ainsi les deux réalités et les deux responsabilités seraient partagées par tout le monde, mettant fin à cette division et à ces deux bloques opposés.

Mais cette vision des choses, qui est dans les fondements de l’organisation sociale basée sur le revenu universel, Bayrou est contre aussi.

Dans ces conditions, comment va‑t‑il inciter des gens à devenir employeurs ou à le rester ?