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Tchatcheur
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C'est justement (surtout) pour le rythme que je suis tombée amoureuse de Soie de Baricco, lis un peu ça :
Le village commença à s'agiter comme une fourmilière affolée : tous couraient et craignaient, et regardaient en l'air pour suivre des yeux ces oiseaux échappés, orgueil de leur seigneur pendant des années, outrage à présent qui volait dans le ciel. Hervé Joncour sortit de chez lui et redescendit à travers le village, marchant lentement, et regardant devant lui avec un calme infini. Personne ne semblait le voir, et il semblait ne rien voir. Il était un fil d'or qui courait droit, dans la trame d'un tapis tissé par un fou. Il passa le pont sur la rivière, descendit jusqu'aux grands cèdres, entra dans leur ombre et en ressortit. Devant lui, il vit l'immense volière, avec ses portes grandes ouvertes, absolument vide. Et devant la volière, une femme. Il ne regarda pas autour de lui et continua simplement à marcher, lentement, ne s'arrêtant que lorsqu'il fut face à elle. Ses yeux n'avaient pas une forme orientale, et son visage était celui d'une jeune fille. Hervé Joncour fit un pas vers elle, tendit le bras et ouvrit la main. Sur sa paume, il y avait un billet, plié en quatre. Elle le vit et son visage tout entier se mit à sourire. Elle posa sa main sur celle d'Hervé Joncour, serra avec douceur, s'attarda un instant, puis la retira, gardant entre ses doigts ce billet qui avait fait le tour du monde. Elle l'avait à peine caché dans un pli de son vêtement que la voix d'Hora Kei se fit entendre. - Soyez le bienvenu, mon ami français. |