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Quels sont d'après vous, les textes et les auteurs que l'on ne doit pas contourner.
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J'ignore ce qui fait la valeur d'un texte ou de son auteur, difficile de décider ce qui vaut la peine ou non, ce qui doit être absolument ou pas... alors je dirai juste balade-toi dans les allées d'une librairie, le premier livre que tu ouvriras et que tu ne pourras plus lâcher, celui-là, tu ne dois pas le manquer Clin d’œil
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Victor Hugo, ne peut décevoir ...
Dans un tout autre domaine, Malthus est à lire sur ses thèses d'économie, mais plutôt par curiosité, car il fut tant décrié (Proudhon) par les humanistes qu'avouer votre adhésion à certains de ses concepts vous ferait passer pour intolérants.
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Voici un texte de Proudhon, qui détourne le propos de Malthus, à dessein.
Il faut savoir que Malthus, n'a jamais désiré occire qui que ce soit. Economiste reconnu, il prônait la responsabilité de chacun sur le fait de procréer. Car il n'est pire crime que celui de condamner ses enfants avant qu'ils ne soient nés..
Le droit de procréer n'est pas en cause, seul le fait de la misère provoquée l'est..
Mais, pour évaluer les thèses d'un individu, il est toujours plus instructif de connaître celles de ses détracteurs.

http://www.dr-belair.com/Languages/Fren ... usiens.htm
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Victor Hugo. Ce poème, comme "Saison des semailles, le soir" furent à l'époque la révélation, pour moi.

Demain, dès l'aube

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par le montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.


Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.


Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
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Saison des semailles. Le soir

C'est le moment crépusculaire.
J'admire, assis sous un portail,
Ce reste de jour dont s'éclaire
La dernière heure du travail.

Dans les terres, de nuit baignées,
Je contemple, ému, les haillons
D'un vieillard qui jette à poignées
La moisson future aux sillons.

Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours.
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours.

Il marche dans la plaine immense,
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main, et recommence,
Et je médite, obscur témoin,

Pendant que, déployant ses voiles,
L'ombre, où se mêle une rumeur,
Semble élargir jusqu'aux étoiles
Le geste auguste du semeur.
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Ces textes sont très beaux. Il me reste celui-ci aussi :

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçus les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçait la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris,
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eut pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes,
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous , débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez sublimes animaux.
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
--Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur.
Il disait: " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler."

Alfred de Vigny
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Allez, un de Bukowski que j'aime bien, j'ai ramé pour t'en trouver une version française...

LA FILLE DEHORS AU N°I DE STRAWBERRY PATCH

II est une heure et demie
lundi
30 degrés en novembre
sur Western Avenue.
Une fille apparaît sous un porche
et reste là à regarder.
Une femme plus âgée sort et s'appuie
au montant de la porte.
La fille a tout juste vingt ans.
Une minirobe rouge
boutonnée par devant. Des collants
et des chaussons orange.
On a l'impression qu'elle
vient à peine de se réveiller.
Un grand sourire éclaire son visage.
Elle esquisse un pas de danse en souriant.
Elle est pâle. Elle est blonde.
Tout à coup elle fait signe à quelqu'un qui passe
en voiture.
La vie est intéressante.
Elle est jeune.
C'est une fille.
Elle danse encore une fois. Elle fait signe. Elle
sourit.
Tout ça est bien agréable à une heure et demie
l'après-midi quand il fait 30 degrés.
Elle veut de l'argent.
Elle fait signe. Elle danse.
Elle sourit.
La vieille femme s'ennuie et retourne
à l'intérieur.
Je démarre ma voiture dans le parking de l'autre côté de la
rue.
Je pars vers l'ouest, vers Oakwood et je perds la fille
de vue.
Je pense, c'est tellement bizarre,
on a tous besoin d'argent.
Puis j’allume la radio et j'essaie
d'oublier ça.
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La rime apporte cette mélodie au sens d'un texte, qui fait tant défaut à la prose .

Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu, qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
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Les textes que je préfère sont ceux que j'aime lire à haute voix, ou bien entendre lire. J'aime bien la musique des mots, aussi.
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