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La question « ville versus campagne »
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  • Genre : Télétubbie
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Mar 2 Jan 2024 15:23
Message La question « ville versus campagne »
Ce message est sans prétention. Il ne fait qu’une synthèse limitée de ce qui tombe sous le sens, en réponse à ce qui tombe sous le sens pour d’autres. Les principaux points d’articles sur la question, sont rapportés avec des réactions.

Les villes sont indispensables à l’épanouissement humain (contrepoints.org), 27 Juillet 2018.

Les principaux arguments de l’article. 1) Les villes sont le moteur de la croissance économique et de l’émancipation humaine. 2) Les urbains ont une empreinte écologique plus faible que les ruraux. 3) Les villes sont plus tolérantes que les campagnes. 4) Les villes offrent de meilleures conditions de vie. 5) Les bienfaits de la ville ne doivent pas faire oublier la beauté de la campagne.

1) Ce point rejoint finalement le 4).

2) Ça dépend du mode de vie. Le nécessaire disparaissant de plus en plus de la campagne, la voiture y est de plus en plus nécessaire, mais ce n’est pas propre à la campagne (dans le passé pas trop lointain, les zones rurales ne manquaient de rien), c’est propre à l’abandon de la campagne au profit de la ville. L’argument est un parti pris, faiblement fondé. La première remarque, « ça dépend du mode de vie », suffit à voir que ça nécessite des éclaircissements. On pourrait dire que la campagne pâtit de la ville, ce qui sera expliqué plus loin. Voir aussi le point 4).

3) C’est une illusion de la ghettoïsation et de l’anonymat (un anonymat qui ne met cependant pas autant à l’abris que les ghettos). L’article mentionne implicitement l’homophobie ; qui n’est qu’un exemple. Sans rentrer dans des détails inutiles, l’homophobie existe aussi dans les villes, la différence est qu’on y trouve des communauté gays qu’on ne trouve pas dans les campagnes, mais elles pourraient tout autant y exister (sans dire que la ghettoïsation est une solution, quoiqu’elle est encore préférable au harcélement). Cette question est en fait plus celle des normes sociales, et les normes sociales s’imposent autant en ville qu’à la campagne (la campagne essaie même souvent d’imiter les normes de la ville). Dans le passé lointain, les gays n’étaient simplement pas un phénomène de société, tout au plus des traits individuels pas partagés par tout le monde et dans ce passé, le monde était rural.

4) C’est intervertir cause et conséquence : ce sont les lieux qui offrent les meilleures conditions de vie, qui vont voir affluer le plus de gens et donc avoir le plus tendance à devenir des villes. Par exemple, la plupart des villes et grandes villes, sont sur le bord de fleuves, parce que dans le passé lointain, le commerce dépendait du transport par bateau, y compris à l’intérieur des terres. En filigrane, ont ne quitte pas la campagne pour la ville, par choix, mais par contrainte ; ce que les historiens ont appelé « l’exode rurale », qui se poursuit encore de nos jours.

5) L’argument sonne creux vu l’empressement à vouloir démontrer que la ville est mieux que la campagne : juste une petites phrases pour défendre la campagne après tout un article pour défendre la ville.

Espérance de vie : mieux vaut vivre en ville qu'à la campagne (lefigaro.fr), 16 Décembre 2020. Humour : l’article prend le contre-pied de l’article de Contrepoints.

Le principal argument de l’article : il est devenu vraiment difficile de voir un médecin à la campagne.

Remarque : certaines villes aussi, sont des déserts médicaux (ex. deux à trois mois de délais pour un généraliste, dans une ville de 100 mille à 200 milles habitants, considérée comme une grande ville) ; il en existe, au moins dans le nord‑est de la france et probablement ailleurs aussi. On ne peut donc même pas en faire un attribut de la campagne, même si le phénomène touche moins les villes en général, avec peut‑être plus de disparités entre régions que de disparité entre ville et campagne.

C’est une illustration de la réponse au point 2) de l’article précédent. Par l’attrait qu’exercent les zones riches, dont les villes sont généralement un exemple, la ville pénalise la campagne. Il n’y a pas que la désertification médicale, il y a la désertification par le fret ferroviaire. Depuis deux ou trois décennies environ, la campagnes est abandonnée par le train. Ors, le train est un moyen de transport assez rapide et avec une empreinte écologique faible.

La ville est-elle faite pour les enfants ? (telerama.fr), 26 Juin 2020.

Bien que l’article ait plusieurs arguments bienvenus pour dire qu’il ne faut pas prendre la question avec le biais de supposer un mode de vie comme meilleur que l’autre, un seul est retenu : en ville, les parents hésiteraient à laisser leurs enfants sortir seuls, alors qu’ils le feraient plus facilement à la campagne, et l’expérience de l’indépendance est bénéfique.

C’est peut‑être le seul argument pertinent en faveur de la campagne, mais il n’est pas assez clarifié. Pourquoi les parents hésiteraient‑ils à laisser leurs enfants sortir seuls en ville ? Il y a d’abord la question de la sécurité routière (présentée dans l’article). Mais la campagne peut être dangereuse pour des enfants aussi et il est facile pour des enfants en ville, d’apprendre à ne traverser qu’au vert et en regardant des deux côtés avant de traverser (pour éviter des mauvaises surprises que tous les piétons connaissent partout où il y a des bifurcations). Ce n’est pas ça, on pourrait penser aux gens malintentionnés. Pourtant, on sait qu’il en existe autant en ville qu’à la campagne, en plus d’être un phénomène exagéré, la plupart des enfants faisant des mauvaises rencontre ou subissant des manipulations, en font la malheureuse expérience dans leur entourage proche (on peut penser aux divorces, mais pas seulement). La raison est peut‑être ailleurs : dans la connaissance du monde dans lequel on les laisse aller et venir. On ne laisserait pas des enfants sortir seuls dans un lieu qu’on ne connait pas (*), et même si on connait un lieu en ville, on ne connait pas tous les gens qui le fréquente, ce qui équivaut à ne pas connaitre le lieu. Pour être plus clair : c’est prendre le risque de ne pas comprendre ce qu’un enfant raconte en disant sa journée, par exemple. (*) Il y a un bémol : à la campagne, des enfants assez téméraires peuvent de leur initiative, explorer des lieux que leurs parents ne connaissent pas, ce qui arrive à quelques filles aussi, pas seulement à certains garçons. Cette question rejoint une autre : celle de l’échelle, qui sera abordée plus loin.

Campagne et ville, faut‑il choisir pour être heureux(ses) ? (lumieresdelaville.net), 6 Décembre 2019. Article tourné vers l’avenir concret.

L’argument initial de l’article : alors que la majorité des gens vivent en ville (81 % en france), une très large majorité des gens vivant en ville (81 % aussi), considèrent que la campagne est plus idéale que la ville. Cela dément entièrement le premier article, celui de Contrepoints, confirmant ce qui a été dit au point 4), que la ville est plus une contrainte qu’un choix. La raison est en gros que les gens veulent le nécessaire qu’ils trouvent en ville (ce qui inclus le logement et le travail), mais quand ils y sont, manquent de la sérénité de la campagne. En gros, l’environnement idéal, serait une ville où on puisse trouver la sérénité. Sujet de philo laissé en suspend : la différence entre calme et sérénité/quiétude.

Un article dont le titre est assez évocateur pour ne pas avoir à le citer : L'impact du stress urbain (lapresse.ca), 3 Décembre 2013. Article Canadien. L’article est un argument à celui plus haut, il apporte des éléments démentant l’affirmation trop rapide que la qualité de vie est meilleure en ville qu’à la campagne, avec en ville, un risque accru de stress et de dépression (sans dire que la campagne ne peut pas provoquer le stress ou la dépression, sinon il n’y aurait pas d’exode rural).

Un article abordant la question de l’échelle (à tous phénomène, correspond une mesure, et ignorer la mesure, équivaut à ignorer de quoi on parle concrètement) : La ville à échelle humaine (collectivitesviables.org), 17 Octobre 2017. L’article présente des exemples concrets de dimensions pertinentes. Sur ce thème, mais plus généralement que dans la question de ce sujet, il existe un livre : La Dimension Cachée, de Edward T. Hall, de 1966, mais qui a connu un succès assez grand-public, lors d’une re-édition dans les années 1990.

Sur le même thème que l’article précédent, voir : Vivre en ville et s’y sentir comme chez soi – une urbaniste répond à nos questions (bolt.eu), 6 Novembre 2023.

L’article précédent a écrit : 
Qu’il fait bon de vivre en ville, surtout quand on est une voiture.

[…] Avec jusqu’à 60 % de l’espace public dédié à l’infrastructure automobile, les villes sont devenues des espaces pour les voitures qui les traversent, et non pour les personnes qui y vivent.


Dans le message qui suivra, des idées personnelles et/ou non-sourcées, pêle‑mêle, en essayant de les organiser un minimum. Ce qui y sera rapporté, ira plus loin, tout en espérant être pragmatique et objectif.

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Mar 2 Jan 2024 18:17
Message Re: La question « ville versus campagne »
Il n’y a pas d’individu sans société (même en pensant aux ermites), pas plus qu’il n’y a de société sans individus. Comme il n’y pas d’individu sans société, la question de l’urbanisme ne se pose pas : il est nécessaire. La seule question est celle des échelles et de l’environnement urbain.

En plus des questions déjà exposées, il en existe deux autres : la question des villes d’anonymes et la question du rapport personnel aux choses. Les villes ne sont que illusoirement sociales : elles sont constituées de ghettos par catégories sociales et classes sociales et souvent, c’est l’anonymat qui règne. La campagne fait plus référence à un mode de vie dans lequel on a un contrôle sur sa vie et sur ce qu’on veut offrir à ses proches et aux autres, qu’à un mode de vie proche de la nature (il l’est, mais ce n’est pas que ça). Le mode de vie rural, qui suggère le mode de vie paysan, était un mode de vie où on était moins dépossédé de ses moyens d’action, même si on y était plus démunis. Quand on vit de ce qu’on produit (ou en bonne partie), on a un mode de vie modeste, mais on dépend moins du bon vouloir d’un supérieur hiérarchique ou d’une administration, on a plus de pouvoir sur sa vie, ce qui est rassurant : mieux vaut avoir à faire à un orage qu’à des mauvaises intentions ou d’être pris dans un conflit social. La ville, en plus d’être plus commerciale que sociale, représente en plus la perte des moyens d’agir sur sa vie.

Ceci signifie entre autre, qu’il sera illusoire d’espérer rénover les villes sans se poser la question du degré d’administration (la controlite aïgue, en france). Les gens ne vivront pas mieux dans les villes, s’ils n’y sont pas plus libres de diriger leurs vies. À ce propos, la tentation de l’illusoire exode urbain qu’on a connu pendant la crise du covid19, était plus par espoir d’échapper au contrôle de l’état, que par espoir d’échapper au virus, les campagnes ayant aussi été touchées par le virus.

Il ne faut pas voir dans la désertification rurale, un espoir pour l’environnement. Dans les zones rurales, la désertification n’implique pas la re-naturalisation : le bitume reste, les infrastructures enfouies aussi, et les maisons qui tombent en ruine, peuvent certes être reprises par les plantes et les « animaux », mais peuvent devenir des lieux dangereux (ex. une cave dont le plafond s’effondre au passage de quelqu’un).

La plus faible emprunte environnementale des urbains, est peut être une illusion, comme une bonne partie de cette emprunte est délocalisée. On en a au moins un exemple avec la question des rejets de CO2 (quoiqu’on pense de la pertinence de cette cause sur le changement climatique) : des pays qui en rejettent peu, en rejettent en réalité beaucoup pour répondre à leur mode de vie, mais ces rejets ont lieu ailleurs que chez eux, dans les pays d’où ils importent.

L’argument que les villes sont un instrument nécessaire de l’harmonisation sociale, semble une illusion : le revenu de base inconditionnel est culturellement embourbée, au moins en france, et il n’est que marginalement appliqué dans le monde, ce qui prouve que ce soucis n’existe simplement pas dans la société et que alors les villes ne peuvent pas en être un instrument. Ce serait d’ailleurs ignorer la disparité sociale dans les villes elles‑mêmes, avec la question quartiers favorisés vs banlieux.

L’inconfort des villes, qui amène à la question de leur rénovation, ne devrait pas faire de l’ombre à la nécessité de rénover les campagnes aussi. Les campagnes ont autant besoin d’être rénovées que les villes, par exemple, les zones désertifiées, être proprement rendues à la nature. Ce n’est qu’un exemple. La campagne pourrait aussi être rénovée en tenant compte des évolutions du mode de vie dans la campagne elle-même, mais pour cela, il faudrait interroger les gens qui y vivent quotidiennement.

Concernant l’habitat, peut‑être qu’une idée serait de réserver les hauts étages pour le travail (on y reste plusieurs heures sans en bouger, même pour une pause). Limiter les habitations à cinq étages, rez-de-chaussée inclus (le quatrième serait le dernier étage). Le troisième étage semble déjà loin du rez-de-chaussée pour beaucoup de gens. Conditionner l’accès à la campagne à la non-artificialisation, c’est à dire que pour s’y installer, un(e) candidat(e), devrait s’engager à ne pas bitumer, à ne pas enterrer de nouvelles infrastructures (ou pas sans précautions à détailler, mais ce n’est pas le sujet), à ne pas déposer de déchets dans la nature, ne pas être trop bruyant, ne pas trop éclairer etc.

La question de l’échelle est complexe, elle ne comprend pas que la densité de population et/ou la population totale d’une ville. L’échelle dépend concrètement des interactions et des échanges.

La question de la nature humaine devrait éventuellement être posée, en oubliant pas sa souplesse non‑plus.

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Mar 2 Jan 2024 19:12
Message Re: La question « ville versus campagne »
Voir aussi, en rapport d’une manière restreinte : « Peu de gratte‑ciels en Europe : les raisons ».

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