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Le mur de Berlin, de son début à sa fin
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Jeu 14 Avr 2016 09:56
Message Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Un documentaire d’une chaîne que je ne connais pas, sur l’histoire du mur de Berlin. C’est en six parties. Elles seront postées ici, un message par partie, avec un résumé pour chacune d’elle. La mise bout à bout de ces résumés, retracera l’histoire entière.

Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, des gens fuient le « paradis » (*) socialiste de l’ouest pour trouver refuge dans « l’enfer » (*) capitaliste de l’ouest. Ils traversent ce qui s’appelait alors la frontière verte.

En 1952, l’Est décide de rendre cette frontière infranchissable, en faisant courir des barbelés tout son long, ce qui sera surnommé le rideau de fer. Berlin reste le seul point de passage ouvert, par lequel fuit des milliers de gens chaque mois. Le gouvernement de RDA s’alarme de qu’il voit comme une hémorragie et presse Moscou de réagir, demandant l’autorisation de physiquement fermer la frontière.

De Juin à Août 1961, l’Est décide de fermer le passage par Berlin. Voyant venir ce qui allait arriver, trente milles Allemands de l’est fuient à l’ouest rien que dans le mois de Juillet. Des barbelés avait d’abord été installés. À l’ouest, les gens s’alarment de la division de la ville. Les alliés, la seule armée autorisée en Allemagne à ce moment là, parade pour intimider l’Est, mais sans intervenir, au désespoir de l’Occident. Au mur de barbelés, succèdent en deux mois, un mur de béton.

Ce mur, l’Est le surnommera « mur de la paix » et « rempart de protection antifasciste » (**), ce dernier étant son surnom officiel en RDA. Ce « rempart antifasciste », fera pleurer un maçon employé à sa construction, qui rentrant chez lui, confiera à sa femme « je viens de murer ma sœur » … sa sœur résidait en effet à l’ouest.

Quelques rares gens de l’est arrivent encore à fuir vers l’ouest, passant par des fenêtres de maisons situées juste sur la frontière ou pour les militaires chargés de surveiller cette frontière, une fuite à l’occasion d’un moment d’inattention des collègues (comme en Corée du nord, on peut imaginer qu’ils se surveillaient entre eux pour empêcher que l’un d’eux ne fuit vers « l’enfer » capitaliste). Les portes et les fenêtres des maisons sur la frontière, seront elles aussi murées et les habitants de ces maisons, expulsés, et la rue, fermée.

Les alliés veulent faire valoir leur droit à circuler librement dans Berlin Est. Un officiel organise des aller‑retour entre Berlin Ouest et Berlin Est, escorté de militaires Américains, pour le faire valoir par la pratique. Cette attitude énerve le gouvernement de la RDA à un point où Moscou envoit des chars pour intimider. En réponse, les Américains massent aussi des chars à la frontière.

Ni Khrouchtchev ni Kennedy ne veulent risquer un conflit ouvert. Environ vingt heures après, c’est Khrouchtchev qui fait le premier pas de demander à ses trente chars de reculer. En réponse, les trente chars Américains se retirent aussi.

Dans les années qui suivent, rares sont les traversées, qui sont très difficiles, par exemple en forçant le passage sous une pluie de balle dans une voiture blindée artisanalement ou plus couramment, par des tunnels nécessitant des mois de creusement, pour faire passer une ou deux dizaine de personne de l’Est vers l’Ouest. L’armées socialiste a ordre permanent d’empêcher de passer, même au prix de massacrer à l’arme à feu (***), quiconque tente de traverser vers l’Ouest « impérialiste ».

Après la chute du mur, certains militaires ayant tué des gens tentant de passer, ont été jugés et condamnés à des peines allant jusqu’à sept ans et demi de prison.


(*) Ironie.
(**) La rhétorique n’a pas changé, elle reste la même de nos jours qui voient l’Union Européenne être qualifiée de « dictature fasciste ».
(***)  Quoiqu’aient épisodiquement été les rumeurs du contraire ou alors les militaires n’obéissaient pas à certaines interdiction de tirer, comme il a put y en avoir pendant des périodes de détente relative, au cours de tentatives de négociations bilatérales, dans les années 1970.


Béton et barbelés — Le mur de Berlin, une histoire Allemande — §1

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Jeu 14 Avr 2016 12:57
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Pendant la construction du mur, les Allemands de l’est avaient connaissance que certains d’entre eux passaient à l’Ouest. Le gouvernement de la RDA prétendaient que les migrants étaient manipulés par l’Ouest, dont les médias étaient comparés à la propagande nazi, et les articles d’actualités de l’Ouest, étaient comparés aux actualités qui de 1933 à 1939, avaient précédé la deuxième guerre mondiale, voulant y faire voir une répétition de l’histoire. Pour les médias de l’Est, les médias de l’Ouest annonçaient une nouvelle guerre.

La RFA fait tourner le long du rideau de fer, des véhicules équipés de haut‑parleurs diffusant des messages à l’intention des Allemands de l’Est, rappelant à leur conscience que leurs actes font le tour du monde, les implorant de ne pas tirer sur ceux voulant rejoindre l’Ouest. La RDA diffuse ses propres messages avec des propres véhicules en faisant des rondes similaires, mais le matériel audio de la RFA est beaucoup plus puissant.

Régulièrement, des journalistes films les abords du mur. À ces occasions, parfois ils sont témoins de militaires profitant que leurs camarades ont le dos tourné, pour fuir. L’un de ces militaires passés de l’Est à l’Ouest, passe un soir à la télévision de la RFA, portant encore son uniforme de l’armée de la RDA.

Un jour de 1963, alors que Kennedy est en visite à Berlin Ouest, la RDA fait installer un grande pancarte à la porte de Brandebourg, tournée vers la RFA, avec le message suivant : « quand l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest vont‑elles enfin devenir antifascistes et démocratiques ? », suggérant que seule la RDA présente ces qualités. Ce même jour, Kennedy prononce un discours à Berlin Ouest, au cours duquel il dit une phrase que l’histoire retiendra :
Kennedy a écrit : 
Today, in the world of freedom, the proudest boast is “Ich bin ein Berliner”.

Traduction a écrit : 
Aujourd’hui, dans le monde des libertés, la chose dont on peut le plus fièrement se vanter est “Ich bin ein Berliner” (« Je suis un Berlinois »).

Le discours complet peut être retrouvé sur cette page d’un site Anglophone : John F. Kennedy — Ich bin ein Berliner (americanrhetoric.com).

Les médias Occidentaux rapportent les drames du mur de Berlin, dont des photos de Peter Fechter mort au pied du mur, tué par de ses concitoyens. Ce cas fera le tour du monde. Il agonisera là, côté‑est du mur, sans que personne n’intervienne, même pas les alliés qui patrouillaient pourtant côté‑ouest, craignaient l’affrontement avec les militaires de l’est. Peter Fechter deviendra un symbole de la cruauté du régime de la RDA.

Côté Est, Egon Schultz, un militaire gardant le mur, meurt dans des circonstances non‑élucidées — peut‑être assassiné par ses camarades ou par un passeur se protégeant, personne ne le sait. La RDA en fait un martyr, des écoles ont reçu son nom, il en est fait un symbole de la menace que l’Ouest ferait peser sur la RDA.

Un entrepreneur de la RDA, fait installer dans son pays, des antennes permettant de recevoir les émissions télévisées de la RFA ; beaucoup de gens en étaient demandeur en RDA, et étaient prêts à des sacrifice financier pour s’en offrir une. L’installation de telles antennes n’était pas en RDA, une activité illégal, mais la STASI s’intéressaient de près à la question, et avait des dossiers sur les gens qui en disposaient d’une. Même des militants communistes voulaient ce type d’antenne, mais voulaient aussi que cela ne se voit pas pour que cela ne se sache pas. Mais ce n’était pas endémique non‑plus, et beaucoup d’habitants de la RDA ne juraient que par les chaînes de la télévision de l’état socialiste.

La RDA, quand elle parlait elle‑même de l’Ouest, ne rapportait que le chômage, les grèves et les images présentant la population et la police comme en conflit. Ainsi, du point de vue du téléspectateur fidèle aux programmes télévisés de la RDA, la RFA était un monde exténuant, où les crises se succédaient les unes après les autres. La télévision de la RDA qualifiait la RFA de dictature. Ces émissions rapportaient une réalité — excepté pour la qualification de dictature —, mais une réalité filtrée.

La télévision de la RDA, loquace sur les problèmes de la RFA, avait fait de ceux de la RDA, un tabou, ne présentant de l’actualité locale, que des motifs de se réjouir de vivre dans un état socialiste, présentant de petite choses comme des grandes victoires pour le peuple.

Une chaîne de l’Ouest, l’ARD, a diffusé des reportages tournés clandestinement à la caméra amateur, par des habitants de la RDA, sur le délabrement des quartiers de certaines villes, la destruction de l’environnement et l’antisémitisme en RDA. La télévision Est‑Allemande diffuse des reportage dans lesquels on voit des Ouest–Allemands fuir vers la RFA en passant par la frontière Austro‑Hongroise pour rejoindre des ambassades de l’Allemagne de l’Ouest. C’est ainsi que des gens vivant en RDA, ayant une antenne permettant de capter les chaînes télévisés de la RFA, apprennent l’état de détresse dans lequel se trouve certains de leurs concitoyens, ce que la télévision de la RDA leur cachait. Des journaliste de la RDA ont bien tenté d’en parler, mais le parti leur a interdit.

La RDA fait feu de tout bois pour diffuser des messages politiques. Même les mots que le cosmonaute Sigmund Jähn a prononcé depuis l’espace, des mots de remerciement à l’intention du parti, avaient au préalable été écrits, validés et approuvés, par le bureau politique. Le discours qu’il a prononcé depuis l’orbite terrestre, avait d’ailleurs été publié par les journaux, avant‑même qu’il ne l’ai prononcé.

La première manifestation autorisée en RDA, avec des slogans librement écrits par les manifestants, n’aura lieu que le 4 Novembre 1989, peu avant la chute du mur.


Guerre froide et propagande — Le mur de Berlin, une histoire Allemande — §2

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Jeu 14 Avr 2016 16:59
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Malgré une naïveté témoignée à postériori à propos du parti, la situation sociale et économique en RDA, fait naitre une contestation interne. L’état, le SED, qui n’était informé que par la STASI qui se voulait rassurante pour le SED, était en partie inconscient du poids du climat sociale. La STASI et le SED, veillent à étouffer les voix critiques.

Incapable de résorber une crise économique grave, ayant aboutit au suicide du ministre de l’économie de la RDA, le parti part à la chasse aux bouc‑émissaires, surtout les artistes (pour la raison qu’ils étaient des communicants) qui se donnaient des libertés dans leurs écrits et les paroles de leurs chansons.

En marge, la crise économique non‑résolue et le défoulement sur des bouc‑émissaires pour s’occuper, fait penser à la situation actuelle en Occident (et pas seulement en Occident).

En Tchécoslovaquie, survient ce qui sera nommé le printemps de Prague. Pendant quelques temps semble poindre un socialisme respectueux des libertés, non‑totalitaire. Cet événement fait rêver les Allemands de RDA, mais le rêve sera brisé par l’armée du pacte de Varsovie, venue remettre la Tchécoslovaquie dans les rails du communisme.

Wolf Biermann, était un chanteur et compositeur de la RFA. Convaincu que le socialisme est le meilleure système politique qui puisse exister, il immigre en RDA. La situation dont il prend connaissance, lui inspire quelque chansons engagées, notamment sur le mur, bien qu’il y voyait un mal nécessaire. Il est rapidement confronté à la censure et déchante. Il n’a plus le droit de se produire qu’à son domicile. Un jour, la RDA l’autorise à se produire à l’extérieur, en RFA. Pendant sa tournée, il apprend qu’il n’a plus le droit de rentrer en RDA, qui l’a déchu de sa nationalité. Les artistes et écrivains de RDA qui ont protesté contre l’expulsion de Biermann, ont été emprisonnés, pour des durées allant jusqu’à huit mois. Il ne sera pas le seul à être expulsé de RDA.

En marge, mais en notant bien que le motif de déchéance de nationalité n’est pas le même, on peut noter une similitude avec l’époque contemporaine, et la déchéance de nationalité voulu par le gouvernement français, pour se débarrasser de problèmes qu’il ne sait pas solutionner. La déchéance de nationalité, est un mauvais signe, envoyé par un état.

Extrait d’une chanson de Wolf Biermann a écrit : 
Espoir, ne t’endurcit pas, ne nous laisse pas tomber, en ces temps difficiles, quand les durs d’en haut, essaie de te briser.


Robert Havemann, est un professeur en chimie. En 1943, il était condamné à mort par les nazis, pour être adhérent du parti communiste Allemand ; une peine à laquelle il échappera. La RDA aussi, finira par le menacer et le placer en résidence surveillée, pour être contestataire. Aucun citoyen de RDA ni journaliste de RFA, ne pouvait l’approcher, sa maison était surveillée en permanence, pour l’isoler de la population, tant la RDA le jugeait dangereusement subversif.

Biermann et Havemann n’ont connu qu’un petit malheur, comparé à ce que subissaient les contestataires inconnus qu’aucune célébrité ne protégeait. Ceux là, pouvaient être arrêtés, interrogés avec brutalité, battus. Un certain Matthias Domaschk sera même tué dans une prison, par la STASI qui a prétendu que c’était un suicide, mais personne n’y croyait. Dans le même temps, certains étaient eux aussi menacés d’expulsion, et des candidats aux départs pour le RFA, ont tenté de se faire remarquer, dans le but de se faire expulser.

Des gens qui voulaient fuir le RDA pour la RFA, étaient faits prisonniers et libérés contre rançon par la RFA. C’est ainsi, en vendant des prisonniers, que la RDA renflouait un peu ses caisses vides, tout en se débarrassant de citoyens gênants. Mais pour son image, la RDA exigeait que la RFA n’en dise rien au média, sans quoi, le marché ne fonctionnait plus. La RDA a fait ainsi 34 milles prisonniers, qu’elle espérait revendre chacun, 45 milles Euros.

Rosa Luxemburg a écrit : 
La liberté, c’est toujours celle de ceux qui pensent autrement.

Cette phrase a été portée sur des bannières pendant une des manifestations autorisées par le parti, une manifestation en l’honneur de Rosa Luxemburg. Des journalistes de L’Allemagne de l’Ouest étaient présents pour cette manifestation. La STASI s’est arrangé pour les journalistes ne voient pas les bannières portant cette phrase.

Peu avant la chute du mur, pour la première fois, une manifestation tient tête au SED, qu’il n’est pas parvenu à arrêter. Ces manifestants ne souhaitaient pas quitter la RDA, revendiquaient au contraire d’y rester et de plutôt en faire sortir la STASI.


La STASI et les dissidents — Le mur de Berlin, une histoire Allemande — §3

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Jeu 14 Avr 2016 17:18
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Cette partie sera résumée un autre jour.

Espionnage et contre espionnage — Le mur de Berlin, une histoire Allemande — §4

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Jeu 14 Avr 2016 20:00
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Le fil de cette partie est un peu difficile à cerner clairement. Peut‑être faut‑il avoir vécu les événements, pour saisir ce fil. Cette partie est celle pendant laquelle le mur fini par tomber, suite à un malentendu.

Gorbatchov dessert l’étau communiste sur les pays amis. Le gouvernement de la RDA, qui est dans une situation de tension particulière, ne le voit pas d’un bon œil, car son gouvernement se sent obligé de maintenir la pression pour éviter la fuite de sa population vers la RFA.

D’autres pays satellites de l’URSS, eux, relâchent la pression, et par exemple la Hongrie décide de supprimer le barbelé le long de sa frontière avec l’Autriche. Les habitants de la RDA peuvent partir en vacances en Hongrie, un pays ami. Certains en profitent pour passer la frontière de la Hongrie vers l’Autriche, dont la traversé reste interdite malgré qu’il n’y ait plus de barbelés, mais passer par cette frontière fait moins peur et semble moins risqué que passer directement de la RDA à la RFA.

Devant l’afflux des tentatives de passer cette frontière, la Hongrie décide de normaliser la situation en autorisant officiellement le passage de la frontière de la Hongrie vers l’Autriche, avec un passeport de l’Allemagne de l’Est.

La population de RDA acclame la politique d’assouplissement et de transparence de Gorbatchov, que le SED commence à trouver encombrant. Gorbatchov s’étonne que le secrétaire général du SED, Erich Honecker, qui le reçoit, ne fasse aucune analyse critique de la situation en RDA, une situation qu’il (Gorbatchov) juge sérieuse.

Portés par les signes envoyés par Gorbatchov et la perestroïka, des gens commencent à oser manifester dans les rues, mais ces manifestations sont réprimés sur consigne, essuyant en retour des réactions de défense de la part des manifestants. Mais un soir à Leipzig, devant une manifestation de plus de 75 milles gens, la police décide de ne pas aller à la confrontation. Honecker en est irrité et propose d’envoyer des chars contre les manifestants ; heureusement, cela ne se fera pas. Les manifestations gagnent toutes les villes de la RDA, et le Lundi 16 Octobre 1989, la manifestation de Leipzig compte 120 milles manifestants, scandant le slogan « nous sommes le peuple ». Là encore, par bonheur, l’idée de la répression militaire est écartée par une personne bien avisée.

Le lendemain de la manifestation, pour des raisons pas clairement précisées, officiellement pour raison de santé, Honecker est démis de son poste par le Politbüro, et un certain Egon Krenz lui succède comme secrétaire général du SED, élu par le comité central.

Profitant de quelques assouplissements, le 9 Novembre 1989, 11 milles Allemands de l’Est, joignent la Bavière en passant par la Tchécoslovaquie, probablement en espérant joindre la RFA depuis la Bavière, mais le reportage ne le précise pas.

Le comité central vote une loi pour la libre circulation vers l’extérieur de la RDA — sont cependant nécessaires, un visa et un permis de circulation. L’annonce qui en est faire à la télévision en début de soirée, est accompagnée par erreur d’une précision selon laquelle, elle est effective à compter du jour même, alors qu’il n’était prévu qu’elle ne soit effective qu’à partir du lendemain. Pour les postes frontières, cette loi n’entre en vigueur que le lendemain, et ils bloquent les premiers migrants qui n’ont pas voulu attendre pour sortir de RDA, dès après l’annonce télévisée. À mesure que la soirée avance, de plus en plus de gens affluent vers les postes frontières, où la situation reste confuse.

Les gens pensent que cette hésitation signifie que la promesse annoncée à la télévision, n’était que paroles en l’air, et commencent à vouloir forcer le passage. Les gardes frontières sont sur la défensive. Informée de la situation, pour éviter des heurs, la STASI suggère aux gardes frontières, de laisser passer les gens semblant les plus agités, en prenant soin de tamponner leurs papiers d’une manière spécifique, permettant de les identifier plus tard en vue de leur bloquer le passage en cas d’éventuel retour en RDA. Ceux là viennent d’être expulsés sans le savoir, et pour en rajouter, les autres ne comprennent pas pourquoi seuls certains sont autorisés à passer. Les expulsés sans le savoir, réaliseront une dizaine de minutes plus tard, en voulant immédiatement partager leurs joie avec les autres, d’avoir fait quelques pas en RFA ; ils seront refoulés dans la foulé.

Au Bundestag, quelqu’un qui vient d’en être informé, annonce aux parlementaires que la RDA vient d’autoriser la passage de ses ressortissants vers la RFA dans les deux sens. Helmut Kohl reçoit la même information environ au même moment, alors qu’il est en visite à Varsovie ; il décide de rentrer en Allemagne et de joindre Berlin, sur le champs.

À la frontière, en RDA, une foule de candidats au passage vers la RFA, commencent à avoir l’esprit échauffé. En haut lieu, la décision est prise de permettre le passage, jugeant qu’il serait trop bête que la situation ne tourne à la confrontation, alors qu’il était prévu que le passage soit ouvert dans quelques heures à peine, malgré l’erreur de communication l’ayant annoncé pour trop tôt. Mais les gardes frontières ne seront jamais informés de cette décision, et de leur point de vue, ils sont abandonnés à la situation.

Vers 22h30, la foule commence à exercer une pression telle pour passer, que des gens à l’avant de la foule, sont écrasés contre la barrière de sécurité, qui menace d’ailleurs de céder. Devant la situation, un chef des gardes barrières, donne l’ordre d’ouvrir les barrières, d’ouvrir le passage à la foule que les gardes frontières regardent passer sans même contrôler personne, ébahis, sans comprendre ce qu’il arrive, mais en sentant qu’un monde s’écroulait.

Le président Américain Bush est informé de la situation (en fin d’après‑midi, chez lui), alors que Gorbatchov ne l’est pas encore, sur décision de son représentant, l’ambassadeur soviétique en RDA, de ne pas le faire sortir du lit (c’était le milieu de la nuit, à Moscou), tout autant que pour ne pas prendre de décision sans un minimum de recul, comme il était supposé que la situation pouvait encore réserver des surprises. Toujours sur ordre de l’ambassadeur, agissant comme représentant de Gorbatchov, les chars et les membres de l’armée soviétique présents à Berlin, n’interviennent pas.

Les milliers de gens qui circulent dans les deux sens de la frontière cette nuit, ne font pas que passer, une bonne partie se masse sur le mur, se tient debout ou assis dessus. Il est 3h du matin en Allemagne.

Personne n’intervient, mais il aurait put en être autrement, car à 0h20, les gardes frontières ont reçut la consigne de se tenir prêts à intervenir si l’ordre en était donné.

Le reportage n’en parle pas, mais dans la même nuit, le mur recevait ses premiers coups de marteau et de pioches. La chute du mur aura donc été un événement imprévu, suite d’un malentendu, contrairement à la réunification qui aura lieu plus tard et sera une décision politique … une décision politique assez inévitable après la chute du mur, même si rien n’était certain immédiatement après, et assez loin de là.


Le pouvoir et le peuple — Le mur de Berlin, une histoire Allemande — §5

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Jeu 14 Avr 2016 23:03
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Le matin du 10 Novembre 1989, la foule est encore sur le mur, dans lequel elle a ouvert une brèche à taille humaine. Dans le cours de la journée, elle poursuivra sa démolition méthodiquement, sans pourtant qu’aucun ordre ni accord officiel ne l’avalise.

Un bataillon de 8 milles soldats de l’armée soviétique, qui se tenait prêt à intervenir, voit son ordre annulé.

Kohl, qui reçoit un appel inquiétant de Gorbatchov, le rassure en lui disant que la foule est pacifique et que le mouvement n’est pas une attaque contre les institutions soviétiques.

Le gouvernement de la RDA qui ne croit pas et ne souhaite pas la réunification que quelques gens semblent avoir promptement envisagé, pense que la fuite de la population vers la RFA, peut être endiguée par le moyen d’un partenariat économique avec la RFA et des aides suffisantes de sa part, ce qui, il l’espère, permettra à la RDA de parvenir à une situation socioéconomique suffisamment acceptable, garantissant que la RDA restera un pays souverain avec une population lui restant fidèle.

Dans le monde Occidental, les avis divergent. François Mitterrand n’est pas très chaud à l’idée d’une grande Allemagne réunifiée, car celle‑ci a laissé de douloureux souvenirs à la france (la seconde guerre mondiale, c’était à peine 40 ans auparavant, et Mitterrand avait vécu cette guerre personnellement). Margaret Thatcher, exprime officiellement la crainte qu’une réunification trop rapide, nuirait à une démocratie saine ; mais ses raisons profondes étaient peut‑être autres. George Bush, est plutôt favorable à une réunification, peut‑être parce que les États‑Unis sont assez géographiquement éloignés de cette région du monde, et voient alors la situation avec moins de craintes que les voisins de l’Allemagne. Bush juge précisément aussi, que l’Allemagne a fait ses preuves en matière de démocratie, qu’on peut lui faire confiance, et qu’on ne peut pas lui tenir indéfiniment rigueur pour le nazisme, qui est une page qu’il faut tourner.

Le 28 Novembre, Kohl présente au Bundestag, un programme de réunification en dix points, sur lequel il a travaillé seul, donc sans en parler à Gorbatchov. Sa proposition est acceptée par les parlementaire, malgré qu’il ait irriter quelques gens de l’opposition, de l’avoir conçu dans le secret.

Le 9 Décembre, Bush, qui soutient prudemment la proposition de Kohl, et essaiera plus tard de convaincre l’OTAN de faire de même, discute avec Gorbatchov, lui assure que personne ne veut l’agresser. Cela fait un mois que la population a « assiégé » le mur, dont la démolition se poursuit. Un point de crispation, est qu’une des conditions de la réunification, selon Bush et Kohl, est que l’Allemagne réunifiée resterait membre de l’OTAN, c’est à dire que la futur ex‑RDA, ferait partie de l’OTAN, ce qui froisse Gorbatchov.

Le nouveau gouvernement de la RDA, veut encore éviter la réunification, et demande à Kohl, une aide économique. Ce dernier refuse, jugeant que la RDA est dans un tellement mauvais état économique, que seul la réunification est viable, qu’un simple programme d’aide serait vain.

Les deux populations fêtent la nouvelle‑année 1990, ensemble, à la Porte de Brandebourg.

Le 15 Janvier 1990, des manifestant s’engouffrent dans les locaux de la STASI, honnie, qui était l’instrument du SED, qui lui‑même n’est plus rien du tout, après quelques vaines tentatives de la sauver. Les locaux de la STASI sont fouillés, inspectés, par une foule qui n’en craint plus rien.

Pendant des manifestations aux cours desquelles la population rappel son vœux de réunification, on voit apparaitre des drapeaux Européens (fond bleu et douze étoiles jaunes en cercle), bien que l’Union Européenne n’était pas encore celle que l’on connait de nos jours.

Les États‑Unis, la France, le Royaume‑Uni, l’URSS (les « quatre vainqueurs de la seconde guerre mondiale ») et l’Allemagne, se retrouvent en conférences, pour négocier la réunification, et en particulier la question du maintient de la nouvelle Allemagne, dans l’OTAN. Cette dernière question, cause de crispation, connait un revirement quand Gorbatchov finit par dire qu’il n’appartient qu’à la RFA et à la RDA, de décider de leur avenir, ceci incluant la réunification et de quelle manière elle aurait lieu, laissant l’impression qu’il pouvait éventuellement se résigner à ce que la future Allemagne réunifiée, reste membre de l’OTAN. Soulagé, quelqu’un dira cette phrase : « Helmut Kohl est parti chercher la clé de la réunification à Moscou ».

Helmut Kohl, depuis Moscou a écrit : 
Ce soir, je n’ai qu’un seul message à transmettre au peuple Allemand ; le secrétaire général Gorbatchov et moi‑même, sommes parvenus à un accord : il revient aux citoyens Allemands de décider s’ils désirent vivre dans un état unique.


Les premières élections lbres et démocratiques en RDA, sont prévues pour le 18 Mars 1990, avec comme principaux sujet d’intérêt pour les Allemand de l’Est : une réunification assez rapide et sans piège, et être fixés sur la parité de leur future monnaie avec le Deutsche Mark. Ils ont fois en Helmut Kohl (qui n’était pas un candidat à cette élection !), qui les accompagne de son soutient, leur promet un avenir sans inquiétudes, autant prospère que la RFA, ce qui était une promesse peut‑être un peu légère et naïve, comme l’histoire le montrera dans les années suivantes. Lothar de Maizière sera élu président (et ministre en même temps ?) de la RDA en attente de l’unification.

L’opposition à Kohl, celle des Socio‑Démocrates, le SPD, pressant que ça ne sera pas si facile, et juge qu’il ne faut pas simplement réunifier en espérant retrouver l’Allemagne d’avant, mais créer quelque chose de nouveau. En plus d’être perçue comme un poids par Kohl, pour cette position, cette opposition portait de plus un nom dont le préfixe n’inspirait plus rien de bon aux Allemands de l’Est … le socialisme, ils ne voulaient plus en entendre parler.

La parité monétaire voulue à l’Est, ne sera pas là, le taux de change sera de deux pour un. De plus, les Allemands de l’Est ne jurent que par les produits en provenance de l’Ouest, même pour des choses simples comme le pain. Pour ne rien arranger, 4000 milles citoyens fuient de l’Est vers l’Ouest, chaque jours, et principalement de jeunes diplômés. L’économie de l’Est va très mal, mais les gens gardent l’espoir qu’avec le temps, la situation va s’améliorer naturellement.

Le 14 Juillet 1990, Kohl et Gorbatchov se retrouvent dans le Caucase pour négocier. La femme de Gorbatchov s’arrange pour parler en aparté au ministre des affaires étrangères Allemand, pour lui confier qu’elle connait la décision de son mari, et qu’elle sait qu’elle sera déterminante, que son mari prend de grand risque avec la décision qu’il va annoncer à Kohl, qu’il est très important que l’Allemagne soit digne de confiance et respecte les engagements qu’elle prendra.

Gorbatchov à Kohl qu’il accepte officiellement et explicitement, que la future Allemagne réunifié, décide seule de son appartenance à l’OTAN. Kohl annonce à Gorbatchov qu’il offre à l’URSS, une aide financière de 100 milliards de Mark à l’URSS, dont la situation économique est assez mauvaise. Cette générosité de Kohl, aide les citoyens soviétiques à accepter la concession de Gorbatchov.

Kohl, qui pense n’avoir que ce qu’il avait à faire et l’avoir fait au bon moment, résume ainsi ces instants clés :
Helmut Kohl a écrit : 
Quand le manteau de dieu traverse l’histoire, il faut le saisir et s’y accrocher.


Le traité d’unification, sera principalement rédigé par l’Ouest, comme le présageait un slogan sur un mur en RFA dans cette période, « vient avec nous, RDA, nous allons en Allemagne », … « Allemagne », sous‑entendant « RFA ». C’est surtout la RDA qui allait vers la RFA, autant que les Allemands de l’Est voulaient migrer vers l’Ouest.

L’unique (premier et dernier) parlement démocratique de la RDA, prononce son auto‑dissolution, prenant effet le 2 Octobre 1990 à minuit (ou dans la journée du 3 Octobre), et l’unification sera effective vingt‑quatre heures plus tard, le 3 Octobre 1990 à minuit, un peu moins d’un an après le début des événements qui auront aboutit à la réunification.

La suite ne sera pas facile … et même en 2016, il reste encore des séquelles socioculturelles et économiques.


La réunification — Le mur de Berlin, une histoire Allemande — §6

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Mar 3 Mai 2016 03:55
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Les Allemands de l’Est, voyaient les Russes comme des occupants. Ils faisaient un bon accueil (*) aux espions de l’Ouest, quand ces derniers s’intéressaient à des éléments stratégiques Russes, mais leur faisaient un mauvais accueil et des obstacles, quand ils s’intéressaient à des éléments stratégiques spécifiques à la RDA.

Que les espions aient put être bien accueillis et qu’ils voyaient les Russes comme des occupants en ayant un sentiment national pour la RDA, sont deux anecdotes intéressantes.

(*) Et à l’occasion, les aidaient même, car ils les voyaient comme des observateurs.

Le plus gros de l’espionnage se concentrait en Allemagne de l’Est, car c’était un lieu stratégique pour pour l’URSS. C’était important pour les espions, parce qu’en conséquence, c’était là que se concentrait la technologie militaire la plus avancée pour les Russe, sur laquelle les espions devaient fournir des informations. Si l’Allemagne de l’Est était un lieu stratégique pour l’URSS, c’est parce que l’URSS ne voulait pas que se reconstitue à l’Ouest, un bloc dirigé par l’Allemagne.

On peut imaginer alors à quel point la chute du mur de Berlin, a été un énorme événement pour l’URSS. En effet, à la chute du mur, c’est la RDA qui est allé vers le RFA (comme expliqué dans les précédents messages), et par lui suite, l’Union Européenne a été constitué, avec comme pilier principal, la relation France‑Allemagne.

Excepté le commentaire ci‑dessus, les anecdotes clés que rapporte ce message, sont tirées du documentaire ci‑dessous.

De l’autre côté, la majeure‑partie des moyen de l’OTAN, se concentrait en Allemagne de l’Ouest. D’ailleurs, il semble que l’OTAN a été créé spécialement pour contrer les tentatives d’extensions de l’URSS.


Les sentinelles de la guerre froide — France 3 — 2009

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Jeu 5 Mai 2016 08:56
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Hibou a écrit : 
[…]

Portés par les signes envoyés par Gorbatchov et la perestroïka, des gens commencent à oser manifester dans les rue […]

Perestroïka = reconstruction, en Russe. À ne pas confondre avec la glasnots, même si les deux ont été ensemble.

Glasnost = transparence.

Pour anecdote, la perestroïka, était associée à deux notions mystiques ou ésotériques, nommées cosmisme et noosphère. Youri Gagarine adhérait au cosmisme.

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Ven 6 Mai 2016 01:42
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Et le nom de bolchévique, vient de “bolchéviky”, qui signifie «  majorité ».

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Ven 6 Mai 2016 08:22
Message Re: Le mur de Berlin, de son début à sa fin
Hibou a écrit : 
[…]

La première manifestation autorisée en RDA, avec des slogans librement écrits par les manifestants, n’aura lieu que le 4 Novembre 1989, peu avant la chute du mur. […]

Le mur est tombé pour les 40 ans de la création de la RDA, en 1949, pas très longtemps après une cérémonie en l’honneur de cet anniversaire …

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