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Auteur | Message |
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Tchatcheur
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La Pente de la rêverie de Victor Hugo
Amis, ne creusez pas vos chères rêveries, Ne fouillez pas le sol de vos plaines fleuries, Et quand s'offre à vos yeux un océan qui dort, Nagez à la surface, ou jouez sur le bord, Car la pensée est sombre ! Une pente insensible, Va du monde réel à la sphère invisible, La spirale est profonde, et quand on y descend, Sans cesse se prolonge et va s'élargissant, Et pour avoir bouché quelque énigme fatale, De ce voyage obscur ,souvent on revient pâle! etc .... La femme objet est une création de l'homme abject |
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Modératrice
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Ténèbres
La tristesse a jeté sur mon coeur ses longs voiles Et les croassements de ses corbeaux latents; Et je rêve toujours au vaisseau des vingt ans, Depuis qu'il a sombré dans la mer des Etoiles. Oh ! Quand pourrai-je encor comme des crucifix Etreindre entre mes doigts les chères paix anciennes, Dont je n'entends jamais les voix musiciennes Monter dans tout le trouble où je geins, où je vis ? Et je voudrais rêver longuement, l'âme entière, Sous les cyprès de mort, au coin du cimetière Où gît ma belle enfance au glacial tombeau. Mais je ne pourrai plus; je sens des bras funèbres M'asservir au Réel, dont le fumeux flambeau Embrasse au fond des Nuits mes bizarres Ténèbres ! Émile Nelligan Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde, pour se trouver soi-même. (Henry David Thoreau) |
Anonymous
Disparu(e)
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J'ai cru voir sur mon coeur un essaim de corbeaux
En pleine lande intime avec des vols funèbres, De grands corbeaux venus de montagnes célèbres Et qui passaient au clair de lune et de flambeaux. Lugubrement, comme en cercle sur des tombeaux Et flairant un régal de carcasses de zèbres, Ils planaient au frisson glacé de mes vertèbres. Agitant à leurs becs une chair en lambeaux. Or, cette proie échue à ces démons des nuits N'était autre que ma Vie en loque, aux ennuis Vastes qui vont tournant sur elle ainsi toujours, Déchirant à larges coups de bec, sans quartier, Mon âme, une charogne éparse au champs des jours, Que ces vieux corbeaux dévoreront en entier. (Emile Nelligan) |
Beau Parleur
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Victor HUGO (1802-1885)
(Recueil : La légende des siècles) LA CONSCIENCE Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes, Echevelé, livide au milieu des tempêtes, Caïn se fut enfui de devant Jéhovah, Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva Au bas d'une montagne en une grande plaine ; Sa femme fatiguée et ses fils hors d'haleine Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. » Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts. Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres, Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres, Et qui le regardait dans l'ombre fixement. « Je suis trop près », dit-il avec un tremblement. Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse, Et se remit à fuir sinistre dans l'espace. Il marcha trente jours, il marcha trente nuits. Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits, Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve, Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève Des mers dans le pays qui fut depuis Assur. « Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr. Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. » Et, comme il s'asseyait, il vit dans les cieux mornes L'oeil à la même place au fond de l'horizon. Alors il tressaillit en proie au noir frisson. « Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche, Tous ses fils regardaient trembler l'aïeul farouche. Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont Sous des tentes de poil dans le désert profond : « Etends de ce côté la toile de la tente. » Et l'on développa la muraille flottante ; Et, quand on l'eut fixée avec des poids de plomb : « Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l'enfant blond, La fille de ses Fils, douce comme l'aurore ; Et Caïn répondit : « je vois cet oeil encore ! » Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs Soufflant dans des clairons et frappant des tambours, Cria : « je saurai bien construire une barrière. » Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière. Et Caïn dit « Cet oeil me regarde toujours! » Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle. Bâtissons une ville avec sa citadelle, Bâtissons une ville, et nous la fermerons. » Alors Tubalcaïn, père des forgerons, Construisit une ville énorme et surhumaine. Pendant qu'il travaillait, ses frères, dans la plaine, Chassaient les fils d'Enos et les enfants de Seth ; Et l'on crevait les yeux à quiconque passait ; Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles. Le granit remplaça la tente aux murs de toiles, On lia chaque bloc avec des noeuds de fer, Et la ville semblait une ville d'enfer ; L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ; Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ; Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d'entrer. » Quand ils eurent fini de clore et de murer, On mit l'aïeul au centre en une tour de pierre ; Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père ! L'oeil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla. Et Caïn répondit : " Non, il est toujours là. » Alors il dit: « je veux habiter sous la terre Comme dans son sépulcre un homme solitaire ; Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. » On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! » Puis il descendit seul sous cette voûte sombre. Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,.... L'oeil était dans la tombe et regardait Caïn. |
Anonymous
Disparu(e)
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Merci Lazuli, c'est l'un des premiers poêmes que j'ai appris, mon recueil "légende des siécles" est en lambeaux, l'ami d'un temps révolu...
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Beau Parleur
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Les livres en lambeaux sont ceux qu'on a le plus aimés... Ces amours là ne sont jamais révolues...
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Tchatcheur
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Spleen : Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris ; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Charles BAUDELAIRE |
Beau Parleur
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Elle a jeté sa plume, a déchiré sa feuille
Une trace d'encre violette est tombée de son œil. Elle voudrait d'un coup faire tomber le soleil S'engloutir dans le fond d'un puits noir de sommeil, Ne plus désirer rien, ne plus avoir envie, Lâcher enfin ses griffes au devant de sa vie. S'avancer en vainqueur dans l'oubli de la brume Pour y noyer sans haine les plis de l'amertume... Ne transigera plus, reconnait le chemin Du remède attendu de cette infinie fin : Libérée, libérée, en serres d'épervier Elle a fermé ses mains, a libéré ses pieds Hurlant contre le mal qui a sali la mousse Qui fait une folie dure de son euphorie douce... |
Anonymous
Disparu(e)
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Animatrice
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Si ça n'est ma préférée, ça y ressemble...
LE MORT JOYEUX Dans une terre grasse et pleine d'escargots Je veux creuser moi-même une fosse profonde, Où je puisse à loisir étaler mes vieux os Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde. Je hais les testaments et je hais les tombeaux ; Plutôt que d'implorer une larme du monde, Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde. O vers ! noirs compagnons sans oreille et sans yeux, Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ; Philosophes viveurs, fils de la pourriture, A travers ma ruine allez donc sans remords, Et dites-moi s'il est encor quelque torture Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les morts ! "Ideas drift like petals on the wind. I have only to lift my face to the breeze." "Les idées dérivent comme des pétales sur le vent. Je dois seulement soulever mon visage à la brise." |
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