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Auteur | Message |
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Anonymous
Disparu(e)
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Des vers noirs, tristes et brûmeux, faites nous partager ceux qui vous touchent :
J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans. Un gros meuble à tiroirs encombré de bilans, De vers, de billets doux, de procès, de romances, Avec de lourds cheveux roulés dans des quittances, Cache moins de secrets que mon triste cerveau. C'est une pyramide, un immense caveau, Qui contient plus de morts que la fosse commune. Je suis un cimetière abhorré de la lune, Où comme des remords se traînent de longs vers Qui s'acharnent toujours sur mes morts les plus chers. Je suis un vieux boudoir plein de roses fanées, Où gît tout un fouillis de modes surannées, Où les pastels plaintifs et les pâles Boucher, Seuls, respirent l'odeur d'un flacon débouché. Rien n'égale en longueur les boiteuses journées, Quand sous les lourds flocons des neigeuses années L'ennui, fruit de la morne incuriosité, Prend les proportions de l'immortalité. Désormais tu n'es plus, ô matière vivante! Qu'un granit entouré d'une vague épouvante, Assoupi dans le fond d'un Sahara brumeux; Un vieux sphinx ignoré du monde insoucieux, Oublié sur la carte, et dont l'humeur farouche Ne chante qu'aux rayons du soleil qui se couche. Les Fleurs du Mal-Beaudelaire |
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Premier Consul
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Merci Smoggy, c'est tellement crépusculaire Baudelaire...magnifique..
Internet est une drogue dure , habité par des entités maléfiques... Sachez vous en protéger , et prenez cet outil pour un outil et rien de plus... |
Anonymous
Disparu(e)
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Je pensais que Beaudelaire n'intéressait que moi!! Enfin, une personne bien lunée qui s'y interesse... Attention...je vais me lâcher...
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps !levons l’ancre ! Ce pays nous ennuie, Ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l’encre, Nos cœurs que tu connais sont remplis de rayons ! Verse-nous ton poison pour qu’il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu’importe ? Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau ! Beaudelaire –Le voyage |
Premier Consul
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Quand tu appelles ton topic" les poèmes noires", ce n'est pas spécifique à Baudelaire, j'imagine?
dans le cas où la réponse serait oui... Je balance un classique de François Villon qui garde toute sa puissance , à travers les siècles .. La Ballade Des Pendus (version adaptée , tirée du poème original en vieux français) Frères humains qui après nous vivez, N'ayez pas vos cœurs durcis à notre égard, Car si vous avez pitié de nous, pauvres, Dieu aura plus tôt miséricorde de vous. Vous nous voyez attachés ici, cinq, six: Quant à notre chair, que nous avons trop nourrie, Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie, Et nous, les os, devenons cendre et poussière. De notre malheur, que personne ne se moque, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! Si nous vous appelons frères, vous n'en devez Avoir dédain, bien que nous ayons été tués Par justice. Toutefois vous savez Que tous les hommes n'ont pas l'esprit bien rassis. Excusez-nous, puisque nous sommes trépassés, Auprès du fils de la Vierge Marie, De façon que sa grâce ne soit pas tarie pour nous, Et qu'il nous préserve de la foudre infernale. Nous sommes morts, que personne ne nous tourmente, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! La pluie nous a lessivés et lavés Et le soleil nous a séchés et noircis; Pies, corbeaux nous ont creusé les yeux, Et arraché la barbe et les sourcils. Jamais un seul instant nous ne sommes assis; De ci de là, selon que le vent tourne, Il ne cesse de nous ballotter à son gré, Plus becquétés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! Prince Jésus qui a puissance sur tous, Fais que l'enfer n'aie sur nous aucun pouvoir : N'ayons rien à faire ou à solder avec lui. Hommes, ici pas de plaisanterie, Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre. Internet est une drogue dure , habité par des entités maléfiques... Sachez vous en protéger , et prenez cet outil pour un outil et rien de plus... |
Anonymous
Disparu(e)
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Je ne parle pas que de 'Beaudelaire, il se trouve seulement que je le lis beaucoups... merci pour ton ''noire'' poême...
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Premier Consul
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smoggy a écrit : Je ne parle pas que de 'Beaudelaire, il se trouve seulement que je le lis beaucoups... merci pour ton ''noire'' poême... C'était juste pour savoir en fait...si on pouvait ajouter d'autres poètes dans ce topic... Internet est une drogue dure , habité par des entités maléfiques... Sachez vous en protéger , et prenez cet outil pour un outil et rien de plus... |
Anonymous
Disparu(e)
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« Angoisse et vif espoir, sans humeur factieuse.
Plus allait se vidant le fatal sablier, plus ma torture était âpre et délicieuse ; Tout mon cœur s’arrachait au monde familier. J’étais comme l’enfant avide du spectacle Haissant le rideau comme on hait un obstacle… Enfin la vérité froide se révéla : J’étais mort sans surprise, et la terrible aurore M’enveloppait-Eh quoi ! n’est ce donc que cela ? La toile était levée et j’attendais encore » Beaudelaire- Le Rêve d’un Curieux |
Anonymous
Disparu(e)
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Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercle Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits; Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timide Et se cognant la tête à des plafonds pourris; Quand la pluie étalant ses immenses traînées D'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux, Des cloches tout à coup sautent avec furie Et lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrie Qui se mettent à geindre opiniâtrement. - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir. Les Fleurs du Mal-Spleen- Beaudelaire |
Bavard impénitent
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un bien noir alors...
Une Charogne Rappelez-vous l'objet que nous vîmes, mon âme, Ce beau matin d'été si doux: Au détour d'un sentier une charogne infâme Sur un lit semé de cailloux, Le ventre en l'air, comme une femme lubrique, Brûlante et suant les poisons, Ouvrait d'une façon nonchalante et cynique Son ventre plein d'exhalaisons. Le soleil rayonnait sur cette pourriture, Comme afin de la cuire à point, Et de rendre au centuple à la grande Nature Tout ce qu'ensemble elle avait joint; Et le ciel regardait la carcasse superbe Comme une fleur s'épanouir. La puanteur était si forte, que sur l'herbe Vous crûtes vous évanouir. Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons De larves, qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons. Tout cela descendait, montait comme une vague Ou s'élançait en pétillant On eût dit que le corps, enflé d'un souffle vague, Vivait en se multipliant. Et ce monde rendait une étrange musique, Comme l'eau courante et le vent, Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van. Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir Sur la toile oubliée, et que l'artiste achève Seulement par le souvenir. Derrière les rochers une chienne inquiète Nous regardait d'un oeil fâché, Epiant le moment de reprendre au squelette Le morceau qu'elle avait lâché. - Et pourtant vous serez semblable à cette ordure, A cette horrible infection, Etoile de mes yeux, soleil de ma nature, Vous, mon ange et ma passion! Oui! telle vous serez, ô la reine des grâces, Apres les derniers sacrements, Quand vous irez, sous l'herbe et les floraisons grasses, Moisir parmi les ossements. Alors, ô ma beauté! dites à la vermine Qui vous mangera de baisers, Que j'ai gardé la forme et l'essence divine De mes amours décomposés! Les Fleurs du mal, Charles Baudelaire |
Bavard impénitent
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Houellebecq...
L'amour, l'amour Dans un ciné porno, des retraités poussifs Contemplaient, sans y croire, Les ébats mal filmés de deux couples lascifs ; Il n'y avait pas d'histoire. Et voilà, me disais-je, le visage de l'amour, L'authentique visage. Certains sont séduisants ; ils séduisent toujours, Et les autres surnagent. Il n'y a pas de destin ni de fidélité, Mais des corps qui s'attirent. Sans nul attachement et surtout sans pitié, On joue et on déchire. Certains sont séduisants et partant très aimés ; Ils connaîtront l'orgasme. Mais tant d'autres sont las et n'ont rien à cacher, Même plus de fantasmes ; Juste une solitude aggravée par la joie Impudique des femmes ; Juste une certitude : "Cela n'est pas pour moi", Un obscur petit drame. Ils mourront c'est certain un peu désabusés, Sans illusions lyriques ; Ils pratiqueront à fond l'art de se mépriser ; Ce sera mécanique. Je m'adresse à tous ceux qu'on n'a jamais aimés, Qui n'ont jamais su plaire ; Je m'adresse aux absents du sexe libéré, Du plaisir ordinaire. Ne craignez rien, amis, votre perte est minime : Nul part l'amour n'existe. C'est juste un jeu cruel dont vous êtes les victimes ; Un jeu de spécialistes. |
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