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Auteur | Message |
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Beau Parleur
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Thank you
Tous ces moments se perdront dans l’oubli |
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Bavard impénitent
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Dusk a écrit : Thank you My pleasure ! Longtemps que je n'avais pas fait l'exercice, ça m'a donné envie de m'y remettre. Pas facile Wilde, surtout que j'adore la musique de ce passage, la traduction ne la rend pas, malheureusement. La joie authentique est le but de l'âme : c'est la joie que procure les choses belles - Philosophie hédoniste |
Bavard impénitent
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Pas très gai, mais le texte est beau...J'aime bien ce groupe "Casse Pipe"
Litanies de mon triste coeur Mon coeur repu de tout est un vieux corbillard Que traînent au néant des chevaux de brouillard. Prométhée et vautour, châtiment et blasphème, Mon coeur est un cancer qui se ronge lui-même. Mon coeur est un bourdon qui tinte chaque jour Le glas d'un dernier rêve en allé sans retour. Mon coeur est un gourmet blasé par l'espérance Qui trouve tout hélas! plus fade qu'un lait rance. Mon coeur est un noyé vidé d'âme et d'espoirs Qu'étreint la pieuvre Spleen en ses mille suçoirs. Mon coeur est une horloge oubliée à demeure Qui bien que je sois mort s'obstine à sonner l'heure. Mon coeur est un ivrogne altéré bien que saoûl De ce vin noir qu'on nomme universel dégoût, Mon coeur est un terreau tiède, gras, et fétide Où poussent des fleurs d'or malsaines et splendides! Mon coeur est un cercueil où j'ai couché mes morts... Taisez-vous, airs jadis chantés, lointains accords! Mon coeur est un tyran morne et puissant d'Asie, Qui de rêves sanglants en vain se rassasie. Mon coeur est un infâme et louche lupanar Que hantent nuit et jour d'obscènes cauchemars. C'est un feu d'artifice enfin qu'avant la fête Ont à jamais trempé l'averse et la tempête. Mon coeur.... Ah! pourquoi donc ai-je un coeur ? Ah! pourquoi Ma vie et l'Univers ? la Nature et la Loi ? Litanies de mon triste coeur Litanies, litanies... |
Modératrice
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La censure pour l'échafaud (loco locass)
À l’affût des fumisteries, de mes funestes et fumeuses affinités avec les régimes honnis J’affûte mes flûtes et réfute le « vous fûtes ceci » Me méfie des « vous fites fi des juifs pis des fifs ici De tout ce qui s’différencie Que s’il eut fallu qu’il y eut des fours ici Vous en auriez fait, pour sûr, du poulet frit En fait, vous êtes, tous autant que vous êtes, ici, des fous Des groupies de l’abbé Groulx pis de Jean-Louis Roux… » Si on les écoute, y Faut autodafer tout ce qui nous fait honte à leurs yeux de pontifes Qui réclament sacrifice, sur un autel apocryphe L’holocauste de nos désirs travestis en vices En tares, en atavismes Y veulent voir notre passé brûler vif Tuer dans l’œuf l’avenir qui s’y niche J’vérifie, j’lis pis j’trouve que j’ai l’dos large en estifi On nous mystifie À la fin des années folles, l’hystérie fut fort bien répartie, merci Mais qui m’a dit qu’ignorance et amnésie donnent carte blanche à toute hypocrisie ? Ainsi, si Céline est antisémite pis qu’icitte on est franco Ipso facto on se mérite le titre d’ostie de fachos Tout ça m’irrite, surtout qu’on oublie vite qu’en Ontario Les plages un jour furent interdites aux Juifs, aux chiens, pis aux négros Dans l’ordre, pis texto Si j’le dis, c’est que je suis moi-même un nègre mais blanchi à la chaux Tandis que McGill les contingentait au bachot On faisait du textile avec les cheveux des juifs à Dachau Un matériau, comme les arbres de la Daishowa C’est ça la Shoa, chose, so watch out avec les mots Tu me laisses pas d’autre choix, toi Que d’envoyer la censure pour l’échafaud Histoire d’horreur, mémoire poreuse Nous n’osons même plus nous nommer nous-même, nous nous nions Mais moi ! Mais moi ! Histoire d’honneur, mémoire porteuse Ô toi, KKKanada Qui me garoche des roches de reproches louches Dès que je me rapproche des racines de ma souche Pis qui achoppe sur la lâcheté de mon cache-cache Pendant que l’Axe inondait le monde de bombes H Sache Que le père de mon père a mis son gun Au service de l’Hexagone Fier comme un coq, Jean-Rock pis sa gang de damned Canucks On pouvait s’y fier pour dénazifier l’Europe J’t’le dis : en Normandie, y’avait plus de francos Que de Québécois qui appuyaient Franco Mais on n’était pas purs pour autant, peu s’en faut Dissimulés sous les soutanes charlatanes Saoulés par la face cachée du chanoine Icitte on n’a pas été vites vites À voir la fumée d’Auschwitz Mea maxima culpa pour tous les potes qui portent la kippa Quant à toi, KKKanada Pourfendeur de francophones Meurtrier de Métis Assassin d’autochtones À quand les excuses à la Commission des droits de la personne ? Personne n’aime se faire traiter de facho Fa’que la prochaine fois que l’envie te prend, retiens tes chevaux Watch out avec les mots, sinon presto J’te renvoie la censure pour l’échafaud Histoire d’horreur, mémoire poreuse Nous n’osons même plus nous nommer nous-même, nous nous nions Mais moi ! Mais moi ! Histoire d’honneur, mémoire porteuse C’qui m’faich, c’est qu’on fish, on mord à l’hameçon On s’empêche en pêchant par excès de contrition On s’flagelle, lave à l’eau de Javel Une tache originelle pas mal imaginaire On fouille dans nos selles, on cherche la vache folle On s’fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude, jusqu’à l’aiselle Quels imbéciles ! On n’voit plus les barbelés qui auréolent nos cervelles serviles Tandis qu’on dit à Normand Lester de s’taire On se sert des délétères thèses d’Esther Delisle Pis des délires de Mordecai Richler Pour nous garder des dérives totalitaires Nous n’osons même plus nous nommer nous-même Nous nous nions Nous ne sommes plus que pour la honte ou la peur La trouille nous coupe les couilles, brouille les communications Le premier qui s’mouille risque l’excommunication C’est un comble de colonisation Quand un chef péquiste effrayé d’être fiché fasciste Sombre dans la délation Devient mouchard en voulant faire le beau Quand un premier ministre vire capot Il était une fois l’affaire Michaud C’est sûr ça fait mal, oui, mais peu me chaut Quand j’envoie la censure pour l’échafaud Histoire d’horreur, mémoire poreuse Nous n’osons même plus nous nommer nous-même, nous nous nions Mais moi ! Mais moi ! Histoire d’honneur, mémoire porteuse J'aime bien cette toune, qui résume assez bien une partie de notre histoire, de notre mémoire collective, historique, bafoué? Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde, pour se trouver soi-même. (Henry David Thoreau) |
Modératrice
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Arthur Rimbaud — Poésies
Le Bateau ivre 1871 Le Bateau ivre Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots ! Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs, et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. — Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux... Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets ! J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : — Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer ! Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi, plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde, pour se trouver soi-même. (Henry David Thoreau) |
Tchatcheur
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Modératrice
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Poème court, d'Allen Ginsberg
Le poids total de toutes choses c’est trop dans le métro mon cœur martelant précis mal à la tête de fumer moment de vertige descendant en ville pour voir Karmapa Bouddha ce soir. 13 décembre 1976 Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde, pour se trouver soi-même. (Henry David Thoreau) |
Modératrice
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Toujours Allen Ginsberg
HOWL J'ai vu les grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus se traînant à l'aube dans les rues nègres à la recherche d'une furieuse piqûre, initiés à tête d'ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne qui pauvreté et haillons et oeil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l'obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz, qui ont mis à nu leurs cerveaux aux Cieux sous le Métro Aérien et vu des anges d'Islam titubant illuminés sur les toits des taudis, qui ont passé à travers des universités avec des yeux radieux froids hallucinant l'Arkansas et des tragédies à la Blake parmi les érudits de la guerre, qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publication d'odes obscènes sur les fenêtres du crâne... Il faut être perdu, il faut avoir perdu le monde, pour se trouver soi-même. (Henry David Thoreau) |
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