Jardinage : supports de culture et cultures

Justement, il y a un an ou deux, avait été rapporté que les sols acides sont favorables aux maladies fongiques, ce qui crée dilemme, comme les sols un peu acide sont favorables à l’assimilation des nutriments par les plantes.

Mais le pH d’un sol peut varier assez rapidement, en une ou deux années, comme observé en 2018 et 2019, sur un sol limoneux, dont en 2018, les plantes indicatrices disaient qu’il était plutôt acide, et disaient en 2019, qu’il était devenu neutre à un peu basique.

Un sol auparavant couvert de buissons et entouré d’arbres, a été ouvert en Octobre 2019. Les feuilles et bouts de branche ont été balayés en Mars 2020 (pas la bonne période pour ça, trop humide). Après balayage, le sol était de la couleur de la terre de ce sol. Diverses céréales y ont poussé autant que possible au cours de l’année. Les feuilles de ce même sol ont été à nouveau balayées récemment, quelque part autour du 15 Janviers 2021. Cette fois, le sol est apparu verdit. Pas aussi vert que de la prairie, loin de là, mais quand‑même nettement vert par contraste.

Quelques mois à une année sous le ciel à découvert, a suffit pour que commence à s’installer des herbacées. Les premières se sont installés vers Juin ou Juillet (2020), peut‑être de graines apportées sur les semelles de chaussures. Mais il n’y a pas que ça, le mélange a un air étrange : lierre, fraise des bois, herbacées de prairie et mousses, avec une prédominance des herbacées dans la zone qui aura été la mieux éclairée en 2020.

Les herbacées arrivées sont surtout des sortes de pâquerettes ou d’autres astéracées similaires (d’après les feuilles, pas de floraison), du cerfeuil (attention, toxique), un peu de pissenlit, de benoîte et quelques autres.

Dans une zone limitrophe, ouverte aussi, mais sous canopée, il n’y a qu’un peu de benoîte. Malgré qu’il soit ouvert, à cet endroit, les céréales avaient plus mal poussé que dans la zone sous un bout de ciel.

C’est pour souligner encore, que pour un bon développement de la plupart des herbacées et donc généralement des plantes cultivées, la lumière indirecte ou filtrée, ne suffit pas, il faut vraiment une ouverture sur le ciel, qu’un vrai bout en soit visible. Aussi, il ne faut pas sous‑estimer l’effet parapluie des arbres quand ils sont verts, même si ce sont des parapluies plus ou moins passoires.

Le compost de matière ligneuse, n’était pas la seule raison de s’intéresser à ce type de sol. C’était aussi pour trouver une réponse à une énigme apparente : pourquoi sur un sol de forêt, avec toutes les feuilles qui y tombent, est‑il fréquent de ne pas trouver d’humus granuleux et meuble. Une partie de la réponse a été donnée, c’est la rapidité de la dégradation. Un autre document lié plus bas donne un détail supplémentaire qui sera rapporté après.

L’hypothèse que je faisais, est que sur ces sols, ce sont surtout les champignons qui sont actifs, et que les champignons dégraderaient plus la matière organique pour la mettre sous une forme soluble, que les bactéries qui la dégraderaient en laissant des grosses miettes. Ce qui le faisait penser, c’était de voir parfois des feuilles au sol, devenues quasiment transparentes, les parties entre les nervures étant devenues fines au point de laisser passer la lumière ou au point d’avoir disparues. Ce n’était pas tout à fait faux mais pas tout à fait ça non‑plus. Les champignons sont effectivement plus actifs sur ces matériaux que ne le sont les bactéries, mais ce qui transforme les feuilles de cette manières, n’est peut‑être pas des champignons, ce sont peut‑être des petites bébêtes.

Restait quand‑même à expliquer pourquoi la décomposition en couche épaisse ou en tas et la décomposition d’une fine litière à même le sol, ne laisse pas le même matériaux au final. La réponse est donné par le document lié plus bas. C’est une conséquence de la diversité des organismes impliqués dans la transformation. La litière sur le sol, est décomposé en morceaux de certaines tailles par une certaine activité, puis immédiatement ces morceaux de petites tailles sont décomposés en morceaux plus petits par une autre activité sur le sol, ainsi de suite, jusqu’à qu’il ne reste plus qu’une matière si fine ou si soluble qu’elle se mêle intimement à la matière minérale, ne laissant qu’un horizon minéral sans horizon meuble.

Quand la même matière est compostée en couche épaisse ou en tas, les conditions sélectionnent probablement un type de transformation, excluant tous les autres, ce qui permet de laisser une matière meuble avec une bonne granulosité. Un exemple, mais pas unique, sont les vers de terre. Leurs déjections sont très finement friables (même si elles peuvent être stabilisées dans certains sols), ont un grain très fin et « fusionnent » plus facilement avec la matière minérale. Ils ne participent que peu à la texture du sol, plutôt à l’incorporation de nutriments (et à l’oxygénation et au brassage des bactéries, en sol de prairie). Ces mêmes vers de terre, ne vont pas trop remonter dans un tas de feuilles ou de rameaux et ne feront pas cette transformation, qui serait trop avancée pour donner une bonne texture. Après incorporation au sol, la suite de la transformation peut se poursuivre, mais plus lentement, si par exemple des larves d’insecte ou des insectes sont impliquées, laissant plus de temps au maintient de la texture.

L’autre document mentionné plus haut : L’Humus Index : un outil pour le diagnostic écologique des sols forestiers (al.archives-ouvertes.fr) [PDF], 2016.

Ce document en mentionne un autre, non‑consultable sur le web, mais disponible en librairie : « L’humus sous toutes ses formes ». Précaution : il existe en deux éditions, prendre la seconde édition autant que possible, à moins qu’il n’en existe une encore plus récente.

Le document ci‑dessous, présente un graphique donnant des plages de pH par type d’humus. On y voit que le pH d’un mull, peut aller au delà de 7, c’est à dire être basique au lieu d’acide, et que le pH d’un mor, peut descendre à 3,5 , ce qui est nettement acide. Le document précise que ces données ne sont pas généralisables, qu’elles sont le résultat de mesures sur un ensemble de stations dans une région en particulier, mais ça peut donner une idée.

Le document : Observation des décalages entre le caractère indicateur de la flore du sous-bois et les formes d’humus sur les stations forestières d’Argonne (sylvaingaudin.fr) [PDF], 2008.

Ce document rapporte aussi que la minéralisation est ralentie par le froid (ça se devine) et aussi par les forts taux d’humidité, ce qui explique la formation de la tourbe dans les tourbières. Avec le compostage en tas ou en couche épaisse, on protège le cœur du réchauffement et on maintient l’humidité. Il peut être tentant de choisir un coin ombragé, mais les coins ombragés reçoivent moins de pluie et les champignons ont besoin d’humidité, et il faut assez de précipitations pour imbiber toute l’épaisseur, pas seulement la couche la plus externe en compostage. Un constat : un tas de branchettes cassées fait en Mai 2019, au pied d’un feuillu et d’un résineux, est bien au frais à l’ombre, mais toujours sec à l’intérieur, il n’évolue quasiment pas.

Sur les types de champignons décomposant le bois : Les pourritures du bois: la pourriture brune, la pourriture blanche et la pourriture molle (totholz.wsl.ch).

Contrairement aux documents précédents, qui jugeaient faible l’activité des bactéries dans les sols forestiers, celui‑ci affirme que les bactéries sont omniprésentes dans la litière et décomposent aussi bien la cellulose que la lignine : Les humus forestiers, structures et modes de fonctionnement (inist.fr) [PDF], François Toutain, 1981.

Ce François Toutain semble être une célébrité pour tout ce qui concerne les humus.

La vase est un type d’humus, de la catégorie des humus submergés, comme certaines tourbes.

D’après une photo de ce document, les feuilles au sol qui deviennent ajourées, ne sont pas le fait des champignons, mais des enchytréides, qui sont de minuscules vers. Est‑ce la même chose pour les feuilles qui sont plus transparentes que ajourées ?

En balayant des feuilles il y a deux jours, j’ai remarqué que quelques coccinelles s’abritaient en dessous.

Il faudrait savoir à quel moment de l’année les coccinelles s’abritent, pour balayer les feuilles avant cette période, pour ne pas les déranger pendant leur hibernation. Même si elles peuvent probablement s’abriter ailleurs aussi, à quelques endroits, il faudrait laisser des feuilles sans les balayer ; normalement ça devrait se fait sans même y penser, à moins d’être trop maniaque.

Il y a deux jours, c’est à dire le 20 Juin 2021, j’ai remarqué qu’un pied de primevère a déjà commencé à fleurir ; mais les deux fleurs sont étonnamment petites et les pétales, bizarres, à moins que les pétales n’aient été déchirées ou en partie grignotées par je ne sais qui.